Armes à faux

 

 

En tant que Montréalais et père de famille, je suis évidemment ébranlé par la montée de la violence armée dans les rues de la ville. Mais je suis encore plus inquiet de la réponse inadéquate de nos élus et des mesures improvisées qu’ils proposent. 

Comme partout à travers le pays, lorsque survient une fusillade en pleine rue, les citoyens sont en droit de demander des réponses et d’exiger que leur sécurité soit assurée par les autorités. Toutefois, alors que ces événements se multiplient à Montréal, notamment dans le nord-est de l’île, le discours de notre mairesse porte à croire qu’elle ne saisit pas la nature du problème.

Ottawa dans notre cour

Face à la flambée de violence, Mme Plante s’est rapidement tournée vers Ottawa, exigeant de nouvelles lois pour encadrer les armes à feu. D’ailleurs, parmi ses déclarations de jeudi, une en particulier m’a fait sursauter: «Le port d’armes de poing n’est pas dans nos valeurs».

Madame la mairesse, saviez-vous que le port d’arme de poing au Canada est une infraction passible d’une peine maximale de dix ans d’emprisonnement? Ça ne relève pas de nos valeurs, mais bien du Code criminel.

Avant d’exiger que le fédéral empiète sur des compétences municipales, ne devriez-vous pas d’abord vous renseigner sur les lois très strictes qui encadrent déjà l’acquisition et la possession d’armes à feu? Ne devriez-vous pas, surtout, vous assurer qu’elles soient appliquées?

Mauvaise cible

Ceux qui transportent ainsi des pistolets et qui les utilisent pour commettre des meurtres en pleine rue n’ont que faire de nos lois. Ils n’ont bien évidemment pas de permis pour posséder de telles armes et encore moins pour les porter.

Or, quand Mme Plante demande d’interdire les armes de poing, cette législation ne s’appliquera qu’aux détenteurs de permis qui, comme moi, possèdent une arme à feu légale et enregistrée et qui ne l’utilisent que pour du tir sur cible dans des clubs approuvés par la GRC. Ils sont soumis à des contrôles sévères et à des règles inflexibles.

Afin de confisquer ces pistolets et revolvers qu’ils possèdent légalement, il faudra monopoliser des ressources et des fonds qui manquent déjà à la lutte contre la criminalité et qui pourraient plutôt être consacrés à la nouvelle escouade contre les armes à feu (ELTA) du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

En détournant ainsi des ressources cruciales, nous risquons de perpétuer le problème du trafic d’armes et des fusillades urbaines, en plus de brimer les privilèges de citoyens honnêtes qui n’ont strictement rien à voir avec cette violence.

Il est grand temps d’agir. Nous sommes tous d’accord là-dessus. Mais lorsque la mairesse prétend qu’interdire à des Montréalais la pratique d’une discipline sportive permettra de combattre la violence par armes à feu, c’est simplement faux.

Armes à faux

– David Lepage, Montréalais et tireur sportif

 

https://www.journaldemontreal.com/2021/02/15/armes-a-faux.

 

 

 

 

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