S’opposer aux restrictions sanitaires n’est pas un crime

 

restrictions sanitaires

Par Olivier Maurice.

Que tous ceux qui pensent que ne pas être d’accord avec les mesures gouvernementales de restriction des libertés se rassurent : vous n’êtes pas immoraux, vous n’êtes pas égoïstes, vous n’êtes pas criminels, vous n’êtes pas inciviques et de plus, vous n’êtes pas seuls.

Réclamer la liberté, ce n’est pas vouloir faire mourir les autres

Cet argument inacceptable n’a que trop duré.

Ce n’est pas parce que vous fêtez Noël en famille, que vous voulez tuer Papi et Mamie.

Ce n’est pas parce que vous buvez un verre à la terrasse d’un café que vous allez assassiner votre voisine de palier.

Ce n’est pas parce vous regardez un film au cinéma ou que vous visitez un musée que vous envoyez votre grand-tante à l’hôpital.

Ce n’est pas parce que vous suivez des cours dans une salle de classe que vous remplissez les services de réanimation.

Ce n’est pas parce que vous refusez de ruiner votre vie, votre avenir, votre pays que vous êtes un mauvais citoyen.

Vous en avez juste assez de ne pas être traité comme des êtres humains. Assez d’être un élément de statistique, de compte budgétaire, une entrée dans une base de données ou une ligne dans un tableur.

Vous en avez juste assez d’être manipulé par la peur et l’injonction.

Vous avez absolument raison de penser que votre vie vaut bien plus qu’une pourcentage, qu’un calcul politicien et qu’une manipulation corporatiste.

Vous avez absolument raison de penser que ceux qui nous font la leçon en accumulant les prétextes fallacieux depuis un an doivent cesser immédiatement de plonger le pays dans la ruine et de détruire des millions de vies par calcul politicien ou pire, par simple jouissance de faire entendre leur voix.

Coupable et responsable

Tout d’abord, c’est le virus, c’est la maladie générée par le virus qui tue. Ce ne sont pas les individus.

Il faut absolument sortir de ce film diffusé partout en boucle, même si on sait que ce sujet est un très bon client pour l’industrie du spectacle. Nous ne sommes pas dans l’apocalypse zombie. Les autres ne sont pas des morts-vivants qui rôdent dans l’ombre et qui risquent à tout moment de vous sauter dessus pour vous transformer à votre tour en créature démoniaque.

Il faut absolument arrêter de penser et surtout de dire et de claironner que si nous sommes en danger, cela serait dû au comportement des autres.

Quand vous sortez et qu’il pleut, est-ce que c’est la faute des autres si vous êtes mouillés ? Clairement non et ce serait totalement stupide de prétendre cela.
Eh bien, depuis maintenant plusieurs semaines, depuis plusieurs mois, il pleut. Il pleut parce que l’on est en hiver et que certains tombent malades, attrapent un rhume, une grippe ou la covid. Il pleut comme il a toujours plu.

Parce que la vie sur Terre, c’est comme ça et ce sera toujours ainsi. Nous ne sommes pas les seuls sur cette planète et nous ne maîtrisons pas tout. Les animaux, les bactéries, les virus aussi partagent ce monde avec nous. Et sur cette planète, tantôt il pleut, tantôt il fait beau, tantôt il est sain de se balader, tantôt c’est très dangereux, tantôt les loups sont dans les bois, tantôt la faim les pousse à sortir. Tout dépend de là où nous nous trouvons et à quel moment.

En ce moment, sortir est dangereux, parce qu’un être vivant qui vit sans doute depuis bien plus longtemps que l’espèce humaine sur cette planète, un être vivant microscopique a décidé de faire ce que tout être vivant est programmé à faire : se reproduire. Pour se reproduire, il a besoin de nourriture et manque de chance, cette nourriture, c’est nous.

Hideuse ironie que celle d’un monde où les individus sont tellement perdus qu’ils voudraient donner des droits aux animaux, les préserver dans leur naturalité et déclarent ignoble qu’ils veulent vivre et se reproduire.

Restrictions sanitaires et morale inversée

Mais est-ce égoïste, immoral ou criminel de penser ainsi, comme on nous le répète quotidiennement ?

Pour répondre à cette question, il est nécessaire d’observer d’où vient cette accusation.

Elle vient des mêmes qui pensent que l’Homme détruit la planète et qu’il est la cause de tous les maux du monde, de ceux qui pensent que tout ce qui s’y produit est la faute d’une autre chimère, d’un autre personnage de fiction : la société, le système, les autres.

La nature a fait l’homme heureux et bon, mais […] la société le déprave et le rend misérable.

Et on apprend encore religieusement cette bêtise de Jean-Jacques Rousseau à l’école. Et on étudie encore cette autre déduction ridicule de Jean-Paul Sartre :

L’enfer c’est les autres.

Ce jugement n’est que la conséquence directe de cette façon de penser. Mais comment s’étonner de cette morale inversée quand depuis l’enfance on donne aux individus ce qu’ils ont envie d’entendre, c’est-à-dire qu’ils sont le centre du monde : des êtres purs, merveilleux ayant naturellement droit à tout. Que tous les malheurs qui peuvent leur arriver ne sont jamais de leur fait, jamais de leur faute, jamais de leur responsabilité, jamais de leur cause, ne sont jamais les conséquences de leurs actes.

Quand vous sortez en sandales et en chemise sous une pluie battante, ne vous étonnez pas d’être mouillés. Mais quand vous nous expliquez avec aplomb que si vous êtes mouillés, c’est parce que les autres ne vous protègent pas avec un parapluie, vous dépassez clairement les bornes de la décence.

Ceux qui sont nés dans l’euphorie des Trente glorieuses, qui ont eu la chance incroyable de vivre leur adolescence alors que l’Occident s’opposait à la dictature communiste par la liberté de vivre et d’entreprendre et qui aujourd’hui accablent la liberté et la jeunesse d’aujourd’hui, sont clairement les pires de tous.

Ça suffit !

L’épidémie ne signifie pas la fin du monde. Il suffit de cette fable ridicule pour faire peur aux enfants.

Est-ce que cela veut dire que le virus n’est rien ? Absolument pas : la maladie peut être grave, très grave, mortelle, nous le savons tous. Et elle touche en majorité les plus fragiles. Nous le savons tous également.

Mais il n’y a absolument rien de nouveau là-dedans. Les maladies ont toujours été plus graves pour les personnes fragiles. Les prédateurs se sont toujours attaqués aux plus faibles. Les maisons de paille se sont toujours envolées avant les maisons de brique.

Existe-t-il un devoir moral de protéger les plus faibles ? Oui également. Mais cela aussi, c’est d’une évidence simpliste.

Commençons déjà par cesser de croire qu’il puisse y avoir un quelconque besoin de rappeler et de renforcer ces banalités. Il n’y a absolument aucune gloire à avoir, ni aucune vertu à s’enorgueillir, à clamer de telles évidences. Nous sommes ici tout bonnement au niveau zéro de la réflexion et de l’empathie.

L’épidémie de covid ne signifie pas la fin du monde. Mais la crise que les mesures d’exception, leurs coûts, leurs conséquences, le précédent qu’elles ont créé et le très discutable résultat qu’elles ont pu avoir risquent très fortement de signifier la fin d’un monde.

En tout état de cause, pour beaucoup, beaucoup trop de gens, l’ombre que ces décisions font porter sur leur avenir est à fois indéniable, extrêmement sombre et terriblement menaçante. Pour eux, cela se rapproche de plus en plus de la fin de leur monde.

Le monde d’avant

On entend énormément parler du monde d’après et du monde d’avant. Mais rappelons-nous ce qu’était vraiment le monde d’avant. Ou plutôt, essayons de reconstituer ce qu’il était.

Pas le monde de l’avant cette dernière folie. Le monde d’avant, le monde de 10 000, 5000, 2000, 200 ans d’Histoire. L’Histoire n’est pas une page blanche. Le futur l’est. Mais nous vivons dans le mirage d’être capable d’effacer le futur, d’effacer le réel, d’effacer l’Histoire, pour créer une chimère d’un futur certain et contrôlé.

Ce n’est pas vous qui êtes égoïste, immoral ou criminel. Ce sont ceux qui pensent que le passé doit être réduit à néant et que le futur peut être totalement maîtrisé, qui sont des sots, des fous, de dangereux malades.

Et surtout d’incroyables égoïstes nombrilistes qui ne pensent qu’à protéger leur petit confort et à défendre leurs ridicules privilèges. Chacun dans une société a un rôle à remplir, chacun a sa place à occuper. Et ce rôle n’est pas d’attendre des autres qu’ils fassent ce que par paresse, par ennui ou par calcul, on n’a pas envie de faire.

Le monde a vécu dans le passé de terribles tragédies et est passé à travers d’horribles épreuves.

La peste noire a tué entre un tiers et la moitié de la population européenne en cinq ou six ans. La grippe espagnole a fait entre deux et cinq fois plus de victimes que la Première Guerre mondiale. La folie des Hommes a pu créer d’horribles drames, mais il ne faudrait pas oublier que la nature est de loin la plus implacable des meurtrières.

L’Histoire de l’Homme, l’histoire de l’Humanité, c’est une guerre implacable contre la Nature qui dure depuis des milliers d’années et nous ne devrions ressentir aucune honte, aucune culpabilité d’avoir gagné de si nombreuses victoires éclatantes. Nous devrions en être extrêmement fiers.

Refusons la tyrannie

Non, il n’est pas immoral de s’opposer fermement aux restrictions des libertés qui nous sont imposées.

Ce qui est parfaitement immoral, c’est d’accuser de meurtre et de mise en danger de la vie d’autrui des millions de parfaits innocents et de réduire leur liberté pour un crime qu’ils n’ont pas commis et qu’ils ne commettront sans doute jamais.

Ce qui est ignoblement immoral, c’est la punition collective pour les innocents et l’immunité pour les coupables. Si transmettre la maladie est un crime, que l’on mette donc en prison ceux qui ont contaminé leur voisin ! Ce qui est encore plus immoral que la punition collective pour les innocents, c’est la punition collective pour les innocents d’un crime qui n’en est pas un.

C’est profondément immoral, profondément injuste.

Non, il n’est pas égoïste de réclamer le retour des libertés. Ce qui est parfaitement égoïste, c’est de demander aux autres de payer le prix de votre sécurité et de votre liberté. Ce qui est ignoblement égoïste, c’est de contraindre les autres pour ne pas avoir à se contraindre soi-même.

Ce qui est encore plus égoïste, c’est de faire payer aux plus faibles, aux plus démunis, le prix de son simple confort. Quel sera le prix pour les générations futures de toutes ces restrictions, de toutes ces aides distribuées, de toutes ces entreprises fermées, de toutes ces dettes accumulées ? Quel est le prix que doivent déjà payer les étudiants, les écoliers, les précaires, les indépendants ?

C’est profondément égoïste, incroyablement inconséquent.

Non, ce n’est pas criminel de vouloir sortir, se retrouver, échanger, de vouloir tout simplement vivre. Ce qui est criminel, c’est d’utiliser la force, la contrainte, la violence, pour obtenir ce dont nous avons envie.

Et que cette violence soit légale ou non ne change absolument rien. Ce n’est pas parce qu’il est écrit sur un bout de papier, ce n’est pas parce qu’une majorité, une minorité ou un groupuscule quelconque a inscrit sur un bout de papier qu’il serait dorénavant légal de voler, de détenir, de déposséder, d’enfermer ou de contraindre que ces actions changeraient leur nature profonde. La violence légale, le crime légal n’en reste pas un moins de la violence, ne reste pas moins un crime. Même s’il a été convenu et reconnu que son usage serait justifié ou préférable.

Un crime reste un crime. Et l’usage de la force et de la contrainte est un crime.

Pour finir, ce n’est pas du tout incivique que de se rebeller contre cette tyrannie. Ce n’est en aucune façon de la désobéissance. Il ne faut pas plus en être honteux qu’en être fier. Il ne faut pas confondre respecter les individus qui vous entourent et respecter la loi et la puissance politique.

Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas d’accord, que vous le dites ou même que vous le criez très fort, que vous manquez de respect envers les individus avec lesquels vous vivez, que vous manquez de respect envers les autres, envers les plus faibles comme envers les plus forts d’ailleurs. Ce n’est même pas manquer de respect envers les lois et la puissance politique.

Ce sont ceux qui vous interdisent de faire entendre votre désaccord qui vous manquent profondément de respect. Ce sont ceux qui vous traitent comme des enfants, comme des irresponsables, comme des inconséquents, comme des moins que rien qui font preuve d’un manque total de civisme. Pire, d’un manque total de savoir vivre.

Et ce manque patent de respect, on ne peut que le constater chaque jour. Vous êtes de plus en plus en plus nombreux à vous faire entendre. Et il n’y a aucune gloire à avoir su reconnaître où se situent réellement la morale, la justice, le crime et le respect d’autrui depuis le début de cette folie. Quoique.

SOURCE: https://www.contrepoints.org/2021/02/19/391418-sopposer-aux-restrictions-sanitaires-nest-pas-un-crime

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