SAGUENAY – Le policier de Saguenay Pierre Girard a admis, mardi après-midi au palais de justice de Chicoutimi, avoir produit de faux documents et volé une somme d’environ 2000 $ à la ville de Saguenay.
Girard a aussitôt écopé d’une peine de 15 mois de détention en société et de 240 heures de travaux communautaires. Il s’est aussi engagé à rembourser le montant de 2000 $.
La juge Isabelle Boillat a entériné la suggestion commune des deux procureurs au dossier.
Le policier agissait comme reconstitutionniste en collision pour le service de police de Saguenay depuis une dizaine d’années. Il avait notamment travaillé sur l’accident d’Yves Martin, ce chauffard ayant causé la mort de trois membres d’une même famille en août 2015. Les faits qui lui étaient reprochés n’ont pas de lien avec cette fonction.
«M. Girard était chargé d’authentifier des véhicules pour qu’ils puissent recevoir leur immatriculation de la SAAQ, a expliqué au tribunal Me Marie-Ève St-Cyr. Que ce soit des remorques, ou des cabanes à pêche, il devait vérifier les numéros de série ou qu’il n’y avait pas de pièces volées.»
Le policier était affecté à cette tâche depuis près d’une dizaine d’années. Or, à une dizaine d’occasions entre septembre 2016 et février dernier, il aurait récolté le paiement en argent de la part des citoyens, sans verser ces revenus à son employeur, la Ville de Saguenay. Ses rapports ou ses cartes d’appels laissaient plutôt croire qu’il n’y avait eu aucun frais réclamé. Parfois, les numéros de série des véhicules inspectés ne correspondaient pas à ceux inscrits dans son rapport.
«L’enquête a été déclenchée quand il a imité la signature d’un résident de Saint-Félicien, pour faciliter l’achat d’un tracteur par un citoyen de Saguenay, a relaté Me St-Cyr. La SAAQ a envoyé un chèque de 3.61$ au vendeur, qui a ainsi appris qu’il avait signé une procuration…»
Le policier n’a touché aucune somme pour cette production de faux document.
L’avocat qui avait représenté Yves Martin à son procès en octobre 2016, Me Jean-Marc Fradette, s’est étonné que la Couronne accepte une suggestion commune.
«C’est comme si la Direction des poursuites criminelles et pénales mettait un couvercle sur tous les dossiers travaillés par le policier Girard. Quand un officier de justice est impliqué dans une affaire de faux documents, il faut appliquer la justice de façon sévère, justement pour donner un exemple aux autres officiers de justice», a-t-il affirmé.
Pierre Girard était suspendu à demi-solde depuis sa mise en accusation, le printemps dernier. Les procédures judiciaires l’ont incité à devancer sa retraite, qui sera effective dès septembre prochain.